JACQUES MORIZE : QUI SUIS-JE ?
Je suis né en 1958 et j’ai vécu toute ma jeunesse en région parisienne, à Bourg-la-Reine exactement. Il se trouve qu’amateur de voile, je pratiquais ce sport sur un lac à Choisy-le-Roi. De Bourg-la-Reine à Choisy-le-Roi, la voie était tracée…
Marié à Annick, nous avons eu quatre enfants, ce qui n’a rien à voir avec le paragraphe précédent. Après quelques errements, j’ai fait carrière dans le développement commercial et j’étais jusqu’à fin 2017, Directeur Régional du Développement d’une enseigne de supermarché pour le sud de la France, ce qui nous a fait émigrer à Lyon, chef-lieu du 69.
J’ai commencé à écrire en 1986. C’était une période compliquée : à 28 ans, je m’étais retrouvé au chômage et Annick attendait notre premier enfant. Nous habitions à Cachan (Val-de-Marne), un appartement au rez-de-chaussée d’un vieil immeuble. Une boutique, en fait, qui, après avoir été une épicerie La Tonnelle (ouverte 7/7 jusqu’à 23 heures !) avait été reprise par un artisan qui y avait fait son atelier. Rachetée à vil prix, la rendre habitable avait nécessité des travaux d’Hercule, surtout pour nous qui n’avions jamais fait ni maçonnerie, ni plomberie, ni électricité, ni rien de ce qui touche à la rénovation d’une maison.
Il ne faut pas croire que la recherche d’un boulot soit un travail à plein temps, d’autant qu’à cette époque, les annonces ne se bousculaient pas plus qu’aujourd’hui. Annick travaillait et j’étais donc seul une partie du temps à la maison, dans un chantier assez déprimant. Je poursuivais les travaux d’aménagement de façon un peu languissante, j’épluchais les annonces, y répondais, allais à de rares entretiens, faisais la cuisine, les courses, me dispensais du ménage. De toute façon, c’était un tel bordel !
Chantier, vous avez dit chantier ???
En fait, je commençais à déprimer un tantinet. Fallait faire quelque chose ! L’idée d’écrire me trottait dans la cervelle depuis un moment. Mon « inspirateur », c’était San Antonio dont j’avais lu toute l’oeuvre, mais aussi les BD « héroïques » de l’époque dont Blueberry, Buck Danny, Tanguy et Laverdure ! Sans oublier Paul Kenny, Camberra et même, SAS. Rien que de la haute culture. Bref, je m’y suis mis. J’ai d’abord investi dans un cahier et un stylo, puis je me suis fait offrir une petite machine à écrire portative avant de récupérer une magnifique Underwood que j’ai depuis donnée à un copain. Je ne sais plus combien de temps j’ai mis pour écrire ce premier roman que j’ai retouché un certain nombre de fois depuis lors et que j’ai baptisé Steak Barbare. Écrit à la 1ère personne et au présent (influence san-antonienne) Steak barbare est le premier d’une lignée de 7 romans dont le personnage principal est Luc Castillon (également le pseudo sous lequel ils ont été écrits et autoédités après révision poussée entre 2019 et 2020).
Entre-temps, Gwendoline était née. Neuf mois après cet événement, je trouvais du travail. Un poste de chargé d’études au service expansion de Monoprix. En septembre 1988, naissance de Ludovic. A l’époque, j’avais dû entamer la rédaction du second Castillon, Fume, c’est du Chiite ! fortement inspiré par l’affaire des otages du Liban. Les travaux d’aménagement intérieurs étaient bien sûr terminés, nous avions transformé l’affreux gourbi en nid douillet. Qu’on en juge par l’image :
Un coin salon avec un Godin colonial, s’il vous plaît !
Une salle à manger avec cuisine « américaine », merci Ikéoc, le roi du kit en toc !
et une salle de bain avec fresque made by Annick, baignoire encastrée dans un podium. Sans oublier deux chambres sur cour et un débarras. Ne restait qu’à terminer la façade, ce qui fut fait en 1990.
Nous en avons profité pour rénover aussi l’encadrement de la porte d’entrée de l’immeuble, un joli bas-relief.
C’est alors que nous avons trouvé le pavillon de nos rêves, perché sur le coteau de Cachan. Un rez-de-chaussée d’une quarantaine de m², un sous-sol semi-enterré permettant d’y installer un chambre et, luxe, un bureau pour moi éclairé par une petite fenêtre. C’était reparti pour les travaux ! Dans un premier temps, il fallait rendre cette merveille habitable.
Un petit chez-soi bien mignon. Y’avait plus qu’à se retrousser les manches. Mais, me dira-t-on, comment fait-on pour écrire lorsque l’on a un travail à plein temps et que l’on passe ses weekends à bricoler ? Heureusement, le boulot en question nécessitait beaucoup de déplacement en France, et même à l’étranger. Un cahier et un stylo et hop ! voilà de quoi faire passer les heures de train ou d’avion et les soirées à l’hôtel. Et puis il y avait les vacances, surtout celles passées en Bretagne chez les parents d’Annick, à la Forêt-Fouesnant.
C’est un joli coin du Finistère sud, tout au fond de la baie de Concarneau, non loin de Bénodet.
Bateau, planche, baignade et écriture, tel était le régime breton l’été. Certaines années, nous y sommes aussi allés au mois de novembre. Il y fait parfois presqu’aussi chaud qu’en été… Après « Fume, c’est du chiite » vint Sardines à l’huile sauce chocolat. Celui-là est basé sur les histoires de colonies nazies qui ont survécu à la débâcle. Sur le plan matériel, la machine à écrire a été remisée au placard. J’ai d’abord acquis une drôle de machine, qui ne faisait que traitement de texte, un écran, un clavier et une imprimante. Puis j’ai fait un folie et acheté mon premier PC, un IBM qui, à l’époque, m’a coûté 15.000 francs. Il fonctionnait sous windows 3.1. Bien sûr, le système de ma première machine n’était pas compatible et j’ai dû retaper tous mes premiers romans. Une façon comme une autre de les améliorer. À la suite des « sardines », j’avais commencé à écrire un quatrième Castillon. Mais j’avais envie d’autre chose. Aussi me suis-je lancé dans l’écriture d’un thriller, Terra. L’histoire d’un fou mégalomane qui veut devenir le maître du monde, un classique du genre.
Bien sûr, j’envoyais mes manuscrits à des éditeurs, mais c’était un peu comme envoyer une bouteille à la mer, je l’ai compris plus tard. Peu de réponses, toujours négatives. Je n’ai eu qu’une modeste satisfaction, lorsqu’un éditeur me renvoya le manuscrit de Terra. Il n’en voulait pas, mais une correction au crayon apportée sur l’une des dernières pages du roman montrait qu’il avait été lu jusqu’au bout. Toujours ça !
Mais revenons à nos travaux. La maison s’avérait vraiment petite à l’usage, d’autant que nous envisagions d’avoir un troisième enfant. Nous fîmes donc réaliser une extension verticale de notre pavillon.
Plus de toit ! Ça monte…
Et voilà. Ne restait plus qu’à aménager l’intérieur, créer trois chambres, une salle de bain et des toilettes, ainsi qu’une splendide suite parentale tout là-haut, éclairée par un outeau et desservie par une échelle de meunier. 1,80 m sous poutre au maximum, une utilisation optimale de l’espace.
Toujours chez Monoprix, j’étais passé Responsable de Projet et je cavalais beaucoup à travers la France. On m’envoya aussi en Turquie, au Maroc et au Liban. Solenne naquit en 1993, puis Noémie arriva en 1995. Pendant ce temps, j’étais revenu à Castillon, avec La pieuvre en chemise brune, où comment la mafia s’associe à l’extrême droite pour tenter de mettre le sud de la France en coupe réglée.
Ensuite, ce fut La merguez apprivoisée. C’est l’histoire d’une vengeance dont l’origine remonte à la guerre d’Algérie.
En 1997, j’entamais l’écriture de Entre l’Arbre et les Corses. Une sombre histoire où la mafia russe tente de s’allier avec certains nationalistes pour faire de la Corse une plate-forme pour ses trafics vers l’Europe. Le patron de Castillon est attaqué par un commando d’indépendantistes dans une rue d’Ajaccio, comme le fut en 1998 le préfet Érignac. Cette scène, je l’ai écrite avant l’attentat contre le préfet. Je n’en tire aucune gloire prémonitoire. Probablement, cette dérive violente était-elle inscrite dans l’enchaînement des événements.
En 1999, je me mis à la recherche d’un nouveau boulot. Non que je ne me plusse pas chez Monoprix, mais j’avais compris que je ne parviendrais pas à évoluer sans changer de boîte. Je fus recruté par ATAC, pour m’occuper du développement de l’enseigne sur une partie de l’Île de France. Je commençais le 3 janvier 2000. Juste avant cet événement planétaire, l’année 1999 se termina par LA tempête. La nuit du 26 au 27 décembre, le vent monta à 170 km/h. En pleine nuit, la maison vibrait sous les coups de boutoir du vent. Nous descendîmes avec les enfants au rez-de-chaussée. La maison tremblait de plus en plus, et nous aussi. Les tuiles de rives s’arrachèrent brutalement, l’une d’elle traversa le toit de l’appentis dans un fracas d’apocalypse. Puis la moitié du toit côté rue fut arrachée. Nous constatâmes les dégâts au petit jour, alors que la tempête avait passé son chemin. Heureusement, il restait un petit stock de tuiles et avec l’aide de mon beau-frère, je pus réparer la couverture le jour même.
Mes débuts chez ATAC furent un peu mouvementés. on m’envoya au Maroc faire une étude préalable à un éventuel développement et surtout, au mois de juin fut annoncée la disparition de la structure Île de France à laquelle j’étais rattaché. Je postulais donc pour un poste vacant, Directeur du Développement pour le sud de la France, basé à Lyon. J’attendis un bon moment la réponse, qui n’arriva qu’en novembre, avec prise d’effet début janvier 2001.
Branle-bas de combat, il n’était pas question que je parte seul là-bas. Il fallait donc chercher une maison dans la région lyonnaise et vendre notre pavillon cachanais.
En deux aller/retour, nous trouvâmes notre sweet home à Lentilly, une commune « rurbaine » située à une vingtaine de kilomètres au nord-ouest de Lyon. Une maison de cinq pièces avec un niveau inférieur qui pouvait être aménagé, un terrain de 1700 m² et une piscine hors sol. Un changement radical par rapport à notre petit pavillon du val-de-marne. Qu’on en juge par l’image.
Nous fîmes encore des travaux, mais rien à voir avec les chantiers précédents. L’adaptation à Lyon ne fut pas toujours facile. À l’époque, notre seconde voiture était une Deuche, initialement bleu lavande, repeinte en jaune fluo. Immatriculée dans le 94, elle nous valut moult queues de poisson et autres gestes d’agressivité. La différence, honnie par certains, commence parfois à la couleur de la voiture !
L’année 2001 fut marquée par les attentats du 11 septembre et Ben Laden connut une funeste renommée. J’avais déjà commencé à écrire la châtreuse de charme, ces dramatiques événements en inspirèrent la suite, tout comme mes voyages professionnels à l’étranger. Ce roman raconte la traque d’une femme à la séduction mortelle, qui mène Castillon en Turquie puis au Maroc, avec une escale prolongée à Lyon. On y découvre aussi l’état major d’Al Qaida terré au fond d’une grotte aux confins du Pakistan et de l’Afghanistan.
Juste après notre arrivée à Lyon, je publiais à compte d’auteur un premier roman, chez Publibook : Terra. Quelques mois plus tard, ce fut La merguez apprivoisée. Sans aucune promotion, sans même l’idée de participer à des salons du livre, j’en fus réduit à offrir des exemplaires aux amis et à la famille.
La « châtreuse » terminée, j’eus quelques mois de panne de stylo. J’avais changé de région, de fonction, Castillon était très parisien et je ne l’étais plus, Castillon avait la trentaine, j’approchais la cinquantaine. C’est ainsi que naquit Séverac, un commissaire père de famille, muté à Lyon. En instance de divorce, il laisse sa famille à Paris et vit avec ce déchirement secret. Chef de groupe de la brigade criminelle, il est chargé d’une affaire de violeur récidiviste alors que sa maîtresse du moment, qui n’est autre que l’épouse de son patron, lui demande de mener une enquête privée. C’est Le diable de Montchat. Une fois achevé, il deviendra, en 2009, mon premier roman auto-édité. Un tirage de 100 exemplaires. Pour appuyer son lancement, je créai ce blog et j’en fis la promotion par mail auprès de mon carnet d’adresses tant professionnelles que privées. Ensuite, j’ai autoédité l’un des derniers Castillon, Entre l’arbre et les Corses.
Mais avant cela, en 2008, nous avions déménagé de Lentilly à Tassin, commune limitrophe de Lyon. Un pavillon en plein centre-ville, avec un bout de jardin et une piscine, sans trop de travaux urgents. Juste, nous aménageâmes une pièce insonorisée pour que Ludo puisse jouer de la musique avec ses copains. Le second Séverac était en route, je l’ai terminé mi 2010. Je l’intitulai « le Silence des autruches » parce qu’une scène se passe à proximité d’un enclos à autruches et que l’on n’ignore pas que ces drôles d’oiseaux sont muets. Celui-là, je ne l’ai pas autoédité. J’ai envoyé le tapuscrit à plusieurs éditeurs, conscient que c’était le seul moyen de percer réellement un jour.
A la fin de l’été 2010, j’ai commencé l’écriture du 3ème Séverac. Mais il restera en plan un bon moment car Ludo, mon fiston s’est tué en voiture dans la nuit du 4 au 5 septembre. Il allait avoir vingt-deux ans. Qu’ajouter de plus ? Je lui ai écrit une lettre, que j’ai lue à son enterrement. Je pense que je la connais par coeur. Elle exprime tout ce que j’ai ressenti lorsque j’ai réalisé qu’il ne serait plus jamais là.
Après ça, j’ai mis un certain temps à me remettre à écrire. On s’est serré les coudes, Annick, les filles et moi. Gwendoline, notre aînée s’est mariée en novembre, c’était la vie qui continuait, même si la blessure ne s’effacera jamais. J’ai perdu ma mère en 98 puis mon père en 2007. À chaque fois, une peine immense, mais aussi le sentiment de l’inéluctabilité. La mort comme un terme normal à la vie, peut-être même comme une « suite », puisque mes parents étaient croyants. Mais Ludo, lui, n’avait pas l’âge de mourir.
Continuer de vivre, donc. J’ai fait mon premier salon du livre à Tassin, grâce à Maritsa Bogossian, la patronne de la librairie locale, Pleine Lune, qui m’a accueilli sur son stand. J’ai bien vendu, des « Diable », des « Corses », des « Merguez » et quelques « Terra ». Petit à petit, j’ai repris goût à écrire.
Et comme « les Corses » semblaient plaire, j’ai auto-édité, courant 2011, la Châtreuse de charme, le dernier des Castillon.
Parallèlement, j’avais donc envoyé le tapuscrit du « Silence des autruches » à plusieurs éditeurs dont les Grilles d’Or. Sur le site de cet éditeur figurait le numéro de portable du directeur littéraire, Jacques Bruyas, que j’ai appelé et qui du coup, a lu mon manuscrit et l’a trouvé à son goût. Avec son compère Jean-François Gross, ils ont décidé de commencer par le commencement et d’éditer le Diable de Montchat. Mais les moyens de cette petite maison étaient limités et il fallut trouver un sponsor pour aider à la promotion. J’ai fait le tour de mes contacts professionnels. Le patron d’Eiffage Confluence accepta de participer à l’aventure et le livre est sorti fin 2011. Ça tombait bien, l’auto-édition du Diable était épuisée… Et puis surtout, cela marquait sans doute le début d’un nouveau cycle. En janvier 2012 naissait Sabri, qui faisait de moi un grand-père heureux. Vingt-six ans plus tôt, je commençais à écrire en attendant la naissance de sa mère !
L’aventure a continué avec les Grilles d’Or. Le Silence des autruches est devenu Rouge Vaise moyennant quelques modifications, l’idée étant d’exploiter le filon lyonnais au travers des titres. Bâti autour du même personnage que le Diable (le commissaire Séverac), ce second opus a été publié en 2013. Comme l’éditeur faisait la mise en page mais pas de relecture, j’ai confié mon tapuscrit à une relectrice qui a fait un très bon boulot. C’était une fanatique de la concordance des temps, et il a fallu que je me batte pour ne pas abuser du subjonctif imparfait, pas forcément adapté au polar !
Pour accompagner cette parution, j’ai amplifié ma présence dans les salons régionaux, souvent avec bonheur, subissant quelques rares fois des flops. Je garderai notamment un souvenir très négatif d’un salon dans l’Ain limite Isère. La salle n’était même pas fléchée, aucune promotion n’avait été faite. Pour éviter le désastre total, la bibliothèque municipale a acheté à chaque auteur l’un de ses livres, le seul que nous aurons vendu ce jour-là mes collègues de galère et moi-même…
J’ai vécu deux autres salons catastrophes. Tous deux souffraient du même péché originel, « l’activité annexe » censée faire venir du monde, qui rabat effectivement la foule des grands jours, laquelle ne vient en fait que pour l’événement qui, de secondaire, devient principal. J’ai ainsi le souvenir ému de ce concours de nouvelles organisé par les enseignants d’un collège de la Loire, dont la remise des prix était organisée en ouverture du salon du livre sis dans un très beau château. Les parents émerveillés par leurs talentueux rejetons et les élus locaux étaient venus en masse, mais repartirent comme un seul homme sans du tout s’intéresser aux écrivaillons transformés en potiches décoratives. Et dans cet autre salon,nous avions eu droit à l’intronisation de deux célébrités par la confrérie des compagnons du Ramequin (fromage du Bugey et par extension, fondue de Ramequin à l’eau et à la farine…), puis à la remise des prix de dictée… A cette occasion, j’ai eu droit à une très belle collection de fesses qui se pressaient de l’autre côté de la table, et parfois même se posaient sur mes bouquins, pour les plus mal élevées ! Mais d’une certaine façon, ces mauvais moments font partie de l’apprentissage du métier, car c’en est un de vendre ses propres bouquins !
Pendant ce temps, j’avais achevé le 3ème Séverac, le Fantôme des Terreaux et songeait à trouver un nouvel éditeur. Les Grilles d’Or, comme je l’ai expliqué, ne faisait pas, hormis la mise en page et l’édition, le reste du travail éditorial, à savoir relecture et correction. Par ailleurs, les droits d’auteur, aussi maigres étaient-ils, ne tombaient pas souvent ! Bref, page tournée lorsque j’ai rencontré Jean-Luc Tafforeau, le créateur et gérant des éditions AO-André Odemard, sises à Villeurbanne. Il accepta d’éditer le Fantôme des Terreaux, et j’eus le plaisir de partager avec lui un véritable travail éditorial. Jean-Luc fait une relecture soignée des tapuscrits, corrige les fautes d’orthographe et de grammaire, et surtout fait à l’auteur des propositions d’amélioration du texte autour desquelles s’engage un véritable échange. C’est très enrichissant.
C’est grâce à lui qu’en 2014, j’ai fait mon premier Quais du Polar, LE salon dédié à ce genre, que les mauvaises langues disent organisé à Lyon par des parisiens pour des parisiens !
Invité de dernière minute sur le stand de la librairie « le Bal des Ardents », j’ai pu présenter mes deux polars des Grilles d’Or aux côtés d’Henry Carey qui venait de sortir « Six yaourts natures » aux éditions AO. 23 livres vendus en 2 jours, j’étais content ! Cette même année 2014, j’ai autoédité le quatrième Castillon, la Pieuvre en chemise brune. Puis il y eut la sortie du Fantôme des Terreaux chez AO, juste à temps pour être présenté à l’autre grand salon du polar de la région, Sang d’Encre, à Vienne, où je fus accueilli en tant qu’auteur régional.
2014 fut décidément une année féconde, puisqu’elle me vit devenir grand-père une seconde fois, avec la naissance de Khaylane, en avril.
Depuis lors, les salons et les dédicaces en librairie se sont succédés à un rythme soutenu, me permettant de développer les ventes de mes Séverac. En effet, le problème d’un petit éditeur comme AO ou les Grilles d’Or, c’est qu’il n’a pas les moyens de passer par un diffuseur. La promotion des livres se fait alors essentiellement au travers des salons, de quelques articles de presse et d’un porte-à-porte auprès des librairies régionales.
Parmi celles-ci, je voudrais décerner une mention particulière au SCOT dans le 9ème, la librairie de Montchat dans le 3ème, Fantasio à Villeurbanne et Un Petit Noir dans le 4ème qui m’ont accueilli pour des séances de dédicaces. Il faut également citer le France Loisirs de la Tour Oxygène, à la Part Dieu, dont la dynamique patronne, Marion Chatagnon, organise signatures et événements autour du livre.
C’est à Fantasio que j’ai fait la connaissance d’un certain Ludovic Francioli, un fondu de polar qui écrit des chroniques dans un blog qu’il a appelé « Dora Suarez », du nom de l’héroïne d’un roman de Robin Cook. Nous avons sympathisé et je l’ai suivi dans la création de l’association . Sous l’impulsion de Ludovic, l‘association a développé un certain nombre d’événements liés au polar : Prix annuels, apéros dédicaces, signatures à la FNAC ou dans un espace culturel Leclerc, salon à Miribel. Cerise sur le gâteau, une série de recueils de nouvelles noires a été lancée avec les éditions AO : pour chaque recueil, 1 thème, 4 nouvelles et 4 auteurs différents. Fin 2017, quatre opus étaient parus, j’ai participé aux deux premiers (Un Petit Noir et À table !).
Ainsi, c’est un véritable monde du noir que j’ai peu à peu découvert. Des auteurs attachants, des blogueurs passionnés, des aficinados enthousiastes, qui se retrouvent au gré des événements liés au polar.
Nous en étions restés en 2014 et à la sortie du Fantôme des Terreaux. Depuis lors, le 4ème Séverac, Crimes à la Croix-Rousse, est sorti en novembre 2015, toujours aux éditions AO, qui a également repris Rouge Vaise en mai 2016.
En janvier 2016, grand-père pour la troisième fois ! Maïssane rejoignait Sabri et Khaylane chez Gwendoline et Mourad. Une belle famille, pleine d’animation !
En octobre 2017, feu d’artifice : parution du 5ème Séverac, l’Inconnu de la Tête d’Or, et réédition du 1er, le Diable de Montchat. Depuis lors, les 5 opus de la série sont regroupés dans une même collection, avec une unité de présentation.
Au fil des dédicaces, j’ai pu me rendre compte que mes Séverac avaient leur public. Il est bien évidemment motivant d’entendre dire que sa production est agréable à lire, que les intrigues sont bien ficelées, que les personnages sont attachants. En 2017, le cap des 1000 Séverac édités chez AO a été franchi (ce chiffre ne tenant pas compte de ceux qui ont été vendus par les Grilles d’Or, dont je n’ai jamais eu le décompte exact). Cela peut paraître ridicule comparé aux centaines de milliers de ventes des grosses cavaleries, mais pour un éditeur comme AO, sans diffuseur, ce n’est pas rien, et pour moi, c’est beaucoup ! Autre élément encourageant, 2017 fut la première année où les ventes en librairie ont dépassé celles réalisées en salon.
2017 aura également été une étape importante dans ma vie, avec la fin anticipée de ma vie professionnelle. Courant 2015, le groupe Auchan avait lancé une vaste réorganisation, visant à rationaliser son commerce. Ainsi, il fut décidé que les multiples enseignes alimentaires devraient se fondre en une seule, Auchan, avec des déclinaisons par format. Dans le même temps, les services dit « d’appuis », dont font partie le Développement et le Technique, jusque-là propres à chaque format, devraient se fondre en une seule entité. Je savais que je perdrais le management de l’équipe Technique, mais je pensais récupérer la direction du bassin de Développement Sud-Est, pour l’ensemble des formats. C’est au mois de juillet que j’eus la confirmation de ce que je sentais arriver, à savoir que je n’aurais pas ce poste de management mais que j’aurais « l’honneur » de m’occuper du Développement du groupe sur la région Auvergne-Rhône-Alpes. « Que veux-tu, Jacques », me déclara ce jour-là le patron de cette nouvelle structure de service, « notre carrière est derrière nous ! » Ce « notre carrière » trouve tout son piment lorsque l’on sait que l’individu en question était un peu plus âgé que moi et venait de prendre la direction d’une structure de 700 personnes… En langage politiquement correct, c’est ce qu’on appelle un grand comique !
J’étais N-2 du directeur général des supermarchés, je manageais 15 personnes, me donnait à fond dans un boulot qui me passionnait, était reconnu par ma hiérarchie et mes pairs comme un excellent professionnel, je voyageais dans tous le sud de la France au gré des projets, et du jour au lendemain, j’allais me retrouver simple Développeur. Certes, je conserverais salaire et avantages de ma précédente fonction, consolation non négligeable, j’en conviens. Il n’en restait pas moins que la plaie d’orgueil était cuisante.
Comme toute réorganisation importante, celle-ci s’accompagnait d’un PSE, Plan de Sauvegarde de l’Emploi. Parmi les solutions qui s’offraient à ceux dont le poste disparaissait (outre le reclassement évoqué ci-dessus) figurait la PRT, pré retraite totale. L’idée fit son chemin dans mon cerveau, malgré la réticence que j’avais à cesser de travailler si « jeune » (je n’avais que 59 ans !) Poussé par Annick que l’idée enthousiasmait, par la certitude aussi que je n’arriverais pas à me faire à cette organisation très verticalisée après des années d’autonomie et de prises de responsabilités, je me décidais à postuler en octobre. Mon dossier fut très rapidement validé et je découvrais mi-octobre, un peu groggy, qu’il ne me restait qu’un mois et demi à bosser !
Les premiers jours de 2018, je ne réalisais pas vraiment ce qui venait de m’arriver. J’avais la sensation d’être en vacances, sauf que le mails ne défilaient plus sur l’écran de l’iPhone que, de toute façon, j’avais rendu. Plus d’appels téléphoniques incessants, non plus. J’avais décidé de ne pas garder mon numéro professionnel (la portabilité !), justement pour ne pas être emmerdé. Une brutale décompression s’abattit sur moi. Je dormais 12 heures par nuit et sacrifiais au plaisir de la sieste post prendiale. J’avais subitement la sensation que jamais je n’arriverais à récupérer de toutes ces heures de sommeil perdues à me lever avant le soleil et à rentrer tard, du stress accumulé ces derniers mois. Au bout d’un mois, j’ai commencé à m’adapter à ce nouveau rythme et à m’organiser pour ne pas sombrer dans l’inactivité. Nous nous étions déjà répartis les tâches du quotidien, Annick et moi. J’assumais les courses et la cuisine. Je devais m’astreindre à écrire régulièrement, me mettre à courir sérieusement pour retrouver la forme. Il y avait du bricolage à entreprendre, les petits enfants à aller chercher à l’école deux fois par semaine, plein de petites choses du quotidien que l’on oublie ou méconnaît quand on a la tête dans le guidon du boulot. Bien vite je m’aperçus que l’on pouvait remplir une journée sans problème ! Outre les footings, nous nous mîmes à randonner régulièrement au tour de Lyon. Nous partîmes aussi au ski, à la journée ou quelques jours en semaine, le plaisir de la montagne sans cohue !
Sur le plan de l’écriture, le septième Séverac était en route. Le carnet des salons et des dédicaces était bien rempli. Début avril, les Quais du Polar étaient devenus un jalon d’importance pour moi. Depuis 2016, Jean-Pierre Barrel m’accueillait sur le stand de la librairie Un Petit Noir dans l’atrium de l’hôtel de ville. Avec le festival Sang d’Encre en novembre (Vienne), les Quais sont l’un des deux moments forts du polar dans la région lyonnaise. L’occasion de rencontrer ses lecteurs, ceux qui vous connaissent déjà et ceux qui vous découvrent. Cette année-là, j’y fis un beau carton, dans une ambiance de convivialité et de rigolade.
Ainsi, ma vie de préretraité se mit-elle en place assez naturellement, loin de la monotonie que beaucoup d’actifs redoutent au crépuscule de leur vie professionnelle. Outre mon Séverac en cours, j’avais décidé de reprendre tous mes Castillon. Pour m’aider, j’avais acquis le logiciel de correction Antidote, beaucoup plus performant que celui associé à Word. L’idée étant à terme de les autoéditer tous. Je commençais par Terra, pas vraiment un Castillon, d’ailleurs, bien que le personnage central porte ce patronyme. Je découvrais un travail différent de celui d’auteur, celui de relecteur, traquer les répétitions, fignoler les phrases et les tournures, s’assurer de la cohérence de l’ensemble. Une forme de perfectionnement, en quelque sorte.
En juillet 2018, nous fîmes un voyage en Sardaigne, puis au Cap Corse en septembre. Tous deux donnèrent lieu à un carnet que l’on peut retrouver sur ce blog >Sardaigne et >Corse 2018.
Et pour clore l’année en beauté, Solenne, notre 3e, devint avocate après sa prestation de serment au palais de justice de Lyon. Un grand moment d’émotion !
À suivre…
Là!!! j’ai un coin de bouché…..
Bravo JACQUES
Joyeux Noel à toi et toute ta famille
vicaire a dit ceci 24 décembre, 2009 à 17:14
Salut Jacques,
De parcourir quelques extrais de tes livres m’a mis l’eau à la bouche.
De ce pas je vais te passer commande.
Pourrais-tu me les dédicacer?
En contre partie je me tiens à ta disposition pour réaliser le portrait de l’artiste.
Je le vois bien en noir et blanc …façon polar.
Bravo l’artiste.
Amicalement
Manuel Da Costa
Manuel Da Costa a dit ceci 27 décembre, 2009 à 18:38
Ciao bello!
congratulazioni!
Baci
ilhem a dit ceci 29 décembre, 2009 à 13:22
Ton blog est très bien fait et très joli. Il met bien en valeur tes livres, ça donne vraiment envie de les lire.
Bravo!
Gros bisous
Gwen
Gwen a dit ceci 30 décembre, 2009 à 21:17
Je découvre l’homme de mon amie-peintre Annick et je rigole de tant d’humour.D’abord des titres originaux qui donnent envie de découvrir cette aventurier au grand coeur !Puis son histoire,c’est vrai qu’on galère tous dans cette vie,mais bon, on s’en sort quand même ,et c’est ce qui nous inspire !
Bref,je ris,je verse une larme,qu’estce que ça va être quand je le lirai cet homme là !
A bientôt !
Virginie Ressy
Virginie ressy a dit ceci 16 novembre, 2010 à 9:55
Bravo jacques ou devrais-je dire Luc,
Tes romans sont supers, mon beau père a préféré le Jacques plutôt que le Luc, mon père les deux, et moi j’ai bien aimé la merguez, faut dire que j’adore ça, les merguez.
Jean-François
Jean-François MICHEL a dit ceci 6 février, 2011 à 17:33
Je ne te connaissais pas ce talent, moi qui suis en train de commencer les démarches pour être écrivain public, et coccuper mes vieux jours, alors là: chapeau bas Jacques. je n’ai pas fait que des CXXXXXries en te recrutant!
Amitiés, à un de ces jours!
SEILLE François a dit ceci 19 février, 2011 à 9:55
bonjour je possède 2 tuiles fabriquées par MOrize demeurant à Montmirail en 1841
peut-être un de vos ancêtres ?
diouy a dit ceci 13 juin, 2013 à 9:54
Bonjour,
L’origine de ma famille est beauceronne. Des Morize sont originaires de la Marne, mais a priori, sans lien avec moi.
jmorize a dit ceci 15 juin, 2013 à 15:03
he bien mais tu trouves le temps où pour faire tout ça , j écris , je bosse en montagne et dans les deserts , je fais des choses et d autres , bravo pour ton courage , j essaie de me remettre a l écriture j en ai pondu une ptite dizaine de genre assez varié mais il faut que je me mobilise encore et encore !
je connais Maritsa que j apprécie beaucoup au plaisir de te connaitre un jour a cla
DIDIER a dit ceci 25 septembre, 2013 à 18:30
Bonsoir, merci pour ton commentaire. Je voyage beaucoup, ça permet d’écrire un peu à chaque fois, et puis un peu chaque matin, enfin quand je ne me lève pas trop tôt !
Bonne soirée, JM
jmorize a dit ceci 25 septembre, 2013 à 21:09
Bonjour Jacques,
Je souhaiterais vous contacter concernant un papier que je dois écrire. Je suis très intrigué.
Pouvez-vous me contacter ou me laisser vos coordonnées par mail ?
Au plaisir de vous lire,
Mathilde
Mathilde a dit ceci 30 septembre, 2015 à 8:29
Bonjour,
Vous pouvez me contacter par mail jacques.morize@orange.fr. Cordialement, JM
jmorize a dit ceci 30 septembre, 2015 à 10:27
Merci pour cette fantastique contribution! J’ai vraiment apprécié de le lire, vous pouvez être un grand auteur.
Je serai sûr de marquer votre blog et peut revenir plus tard.
Je veux vous encourager à continuer votre excellent travail,
passez une bonne matinée!
My web-site tunisie immobilier
Bradly a dit ceci 19 juin, 2018 à 8:12
Une biographie immobilière très surprenante !
Annick a dit ceci 31 juillet, 2018 à 19:48
Un très gentil commentaire !
jmorize a dit ceci 31 juillet, 2018 à 19:49
Bonjour M. Morize
Nous nous sommes rencontrés au salon du livre d’Ambérieu ou je vous ai acheté au hasard Terminus Gerland (j’apprécie les romans policiers et la ville de Lyon).
Je trouve la double intrigue bien faite, et surtout, grande qualité pour une enquete »régionale », votre livre n’est pas un simple guide touristique comme trop souvent. Par contre, je trouve qu’il y a beaucoup trop de personnages et que cela alourdit la lecture.
Bref, je dirai que le résultat est plutot positif et j’éspere pouvoir me rendre samedi à Vaulx en Velin pour commencer par votre 1er Séverac Le diable de Montchat.
Bonne soirée, félicitations pour votre blog et au plaisir de vous re-rencontrer.
Pierre PEPIN a dit ceci 16 février, 2024 à 15:38